Ukraine: Au moins six morts dans des frappes sur Lviv, Kiev veut défendre Marioupol "jusqu'au bout"
Au moins six personnes ont été tuées lundi dans de puissantes frappes de missiles russes sur Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine d'ordinaire relativement épargné par les combats, tandis que Kiev a promis de défendre "jusqu'au bout" le port stratégique de Marioupol dans le sud-est où l'armée russe encercle les militaires ukrainiens.
"Cinq puissantes frappes de missiles d'un coup sur l'infrastructure civile de la vieille ville européenne de Lviv", a annoncé sur Twitter Mikhaïlo Podoliak, conseiller du président Zelensky.
Selon le gouverneur régional Maksym Kozitsky, au moins six personnes ont été tuées et huit blessées dans ces frappes qui ont "gravement endommagé" des infrastructures militaires.
Un habitant du sud-ouest de Lviv a dit à l'AFP avoir vu d'épais panaches de fumée grise s'élever dans le ciel derrière des immeubles d'habitation.
- "Détruire le Donbass" -
Lviv a été rarement visée par des bombardements depuis le début de l'invasion russe le 24 février, contrairement à l'est du pays où se concentrent désormais l'essentiel des bombardements.
Dans un message vidéo dimanche soir, le président Volodymyr Zelensky a affirmé que "les soldats russes se préparent à une offensive dans l'est de notre pays dans un avenir proche. Ils veulent littéralement achever et détruire le Donbass", a-t-il martelé.
"Tout comme les militaires russes détruisent Marioupol, ils veulent anéantir d'autres villes et d'autres communautés dans les régions de Donetsk et de Lougansk", a-t-il poursuivi, avant de lancer : "nous faisons tout pour assurer la défense".
Moscou semble notamment déterminé à prendre le port stratégique de Marioupol dans le sud-est, dont les derniers défenseurs ont ignoré dimanche un ultimatum de l'armée russe qui leur demandait de déposer les armes.
Il a de nouveau appelé les Occidentaux à imposer "un embargo sur les livraisons de pétrole en provenance de Russie", estimant qu'une telle mesure "s'impose chaque jour davantage".
M. Zelensky a également invité le président Emmanuel Macron, en pleine campagne électorale, à venir en Ukraine pour constater que les forces russes y commettent un "génocide", un terme que son homologue français s'est jusqu'ici refusé à employer.
- Marioupol "n'est pas tombée" -
Moscou avait demandé aux derniers combattants ukrainiens, retranchés dans le complexe métallurgique d'Azovstal à Marioupol, de cesser le feu dimanche et d'évacuer les lieux.
"Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d'avoir la vie sauve", avait promis le ministère russe de la Défense sur Telegram. "C'est leur seule chance".
Mais le Premier ministre ukrainien Denys Chmygal a assuré que la résistance continuerait.
"Non, la ville n'est pas tombée. Nos militaires y sont toujours. Ils combattront jusqu'au bout. A l'heure où je vous parle, ils sont toujours dans Marioupol", a-t-il dit à la chaîne de télévision américaine ABC dimanche soir.
Un responsable policier de Marioupol, Mykhailo Vershynin, a assuré dimanche que "beaucoup de civils dont des femmes, des enfants, des bébés et des personnes âgées" étaient retranchés dans le complexe Azovstal.
"Ces gens se protègent des bombardements car là-bas il y a un abri qui donne une chance de survie pour un certain temps", a-t-il dit dans un enregistrement diffusé sur Youtube.
"Ils ne font pas confiance aux Russes. Ils ont vu ce qui se passe dans la ville et c'est la raison pour laquelle il se trouvent dans l'usine".
La prise de cette cité constituerait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.
D'après le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100.000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant également de chauffage.
- "Dernière chance" pour évacuer les civils -
Dans l'est, une frappe a touché dans la nuit de dimanche à lundi un quartier au nord-est de la ville de Kramatorsk, sans faire de dégât.
Un journaliste de l’AFP a vu un cratère dans un petit terrain vague près d’un hôtel fermé et une usine désaffectée.
Dimanche, toujours à Kramatorsk, deux explosions avaient été entendues vers 11H45, mais aucune habitation n’a été touchée, a constaté l’AFP. Les frappes ont probablement visé un ancien site industriel, comme il y en a de nombreux dans la ville, et dont certains sont occupés par l’armée ukrainienne.
Le gouverneur de la région de Lougantsk, également dans l'est, Serguiï Gaïdaï, avait exhorté les civils à évacuer la région.
"Cette semaine risque d'être difficile", a-t-il prévenu. Maintenant "c'est peut être la dernière fois que nous avons une chance de vous sauver" en quittant les zones de combats, a-t-il dit sur Facebook.
Plus au nord, à Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, au moins cinq personnes ont péri dimanche et 20 autres ont été blessées dans une série de frappes russes, selon le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
"Rien que ces quatre derniers jours, 18 personnes ont été tuées et 106 blessées" dans les bombardements sur cette cité, a de son côté déclaré M. Zelensky, fustigeant une "terreur délibérée".
Des journalistes de l'AFP sur place ont entendu deux bombardements et vu cinq incendies se propager dans les quartiers d'habitation du centre de Kharkiv.
Errant abasourdie dans une rue, Svitlana Pelelyguina observait la fumée s'élever des ruines de son logement, touché par l'une des frappes. "Tout l'appartement s'est mis à osciller et à trembler", a raconté à l'AFP cette femme de 71 ans. "Et tout a commencé à prendre feu".
(S.G.Stein--BBZ)