Envoyé spécial américain au Groenland : l'UE "solidaire" du Danemark
Les responsables de l'Union européenne ont exprimé lundi leur "pleine solidarité avec le Danemark, après l'annonce par le président américain Donald Trump de la nomination d'un envoyé spécial pour ce vaste territoire autonome danois qu'il a menacé d'annexer.
Copenhague a de son côté fait état le même jour de la convocation prochaine de l'ambassadeur des États-Unis.
"Je suis profondément indigné par cette nomination et par cette déclaration, que je trouve totalement inacceptables", a commenté le ministre danois des Affaires étrangères Lars Lokke Rasmussen dans un entretien avec la chaîne de télévision TV2 Danemark.
Il a ajouté que son ministère allait convoquer l'ambassadeur américain dans les prochains jours "pour obtenir des explications".
"Tant que nous avons un royaume au Danemark qui se compose du Danemark, des îles Féroé et du Groenland, nous ne pouvons pas accepter que certains sapent notre souveraineté", a-t-il prévenu.
"L'intégrité territoriale et la souveraineté sont des principes fondamentaux du droit international", ont quant à eux réaffirmé sur X la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen Antonio Costa.
"Ces principes sont essentiels non seulement pour l'Union européenne mais aussi pour les nations du monde entier", ont-ils réaffirmé.
- "On ne peut pas annexer un autre pays" -
Le Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen, et la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, ont pour leur part rendu publique une déclaration commune rappelant que "les frontières nationales et la souveraineté des États sont fondées sur le droit international".
"On ne peut pas annexer un autre pays. Pas même en invoquant la sécurité internationale", ont martelé les deux chefs de gouvernement, ajoutant attendre "le respect de notre intégrité territoriale commune".
Dans un message sur Facebook adressé aux Groenlandais, M. Nielsen a estimé que la nomination d’un envoyé spécial américain ne changeait "rien pour nous ici chez nous". "Nous déterminerons notre avenir nous-mêmes. Le Groenland est notre pays", a-t-il affirmé, rappelant que "le Groenland appartient aux Groenlandais".
Le président américain a annoncé dimanche la nomination du gouverneur de Louisiane (sud-est des États-Unis), le républicain Jeff Landry, au poste d'envoyé spécial des États-Unis au Groenland.
"Je suis heureux d'annoncer que je nomme le grand gouverneur de Louisiane, Jeff Landry, au poste d'envoyé spécial des États-Unis au Groenland", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
"Jeff comprend à quel point le Groenland est essentiel à notre sécurité nationale et il défendra avec force les intérêts de notre pays pour la sûreté, la sécurité et la survie de nos alliés et, en fait, du monde entier. Félicitations, Jeff !"
Après son élection, Donald Trump avait expliqué avoir "besoin" du Groenland, notamment pour la sécurité des États-Unis, répétant à plusieurs reprises son souhait de s'en emparer.
Le Groenland, 57.000 habitants, soutenu par sa puissance de tutelle, a rétorqué ne pas être à vendre et vouloir décider seul de son avenir.
- "Formidable" pour le Groenland -
Dans un message publié dimanche sur X, Jeff Landry a remercié M. Trump. "C'est un honneur de vous servir bénévolement pour faire du Groenland une partie des États-Unis", a-t-il assuré, avant de préciser que sa nomination "n'affecte en rien" ses fonctions de gouverneur de la Louisiane.
M. Landry avait salué en début d'année l'intention du président américain d'annexer le Groenland. Donald Trump "a tout à fait raison !", avait-il écrit sur X le 10 janvier. "Nous devons faire en sorte que le Groenland rejoigne les États-Unis. Ce serait formidable pour lui, formidable pour nous ! Faisons-le !"
En janvier dernier, 85% des Groenlandais s'étaient dit opposés à une future appartenance aux États-Unis, d'après un sondage publié dans le quotidien groenlandais Sermitsiaq. Seuls 6% y étaient favorables.
Pour Donald Trump, l'attrait du Groenland tient à sa richesse en minéraux et à sa position stratégique, à la croisée des océans Atlantique nord et Arctique.
Fin mars, le vice-président américain, JD Vance, avait provoqué un tollé en prévoyant une visite dans cette immense île arctique sans y avoir été invité.
Face à l'ire déclenchée au Groenland, au Danemark et à travers l'Europe, il avait limité son déplacement à la base aérienne américaine de Pituffik, la plus septentrionale des États-Unis.
Il avait profité de son séjour pour critiquer l'inaction supposée du Danemark au Groenland.
Fin août, la télévision danoise avait révélé qu'au moins trois Américains liés à Donald Trump avaient réalisé des opérations d'influence dans ce territoire polaire.
(K.Jones--TAG)