La Bourse de Paris prudente, digère la Fed en attendant la BCE
Les investisseurs se montraient prudents jeudi matin à la Bourse de Paris, se préparant à un durcissement marqué des conditions monétaires de la part de la banque centrale américaine, ce qui leur fait craindre une éventuelle récession.
Vers 10H40, l'indice CAC 40 rebondissait légèrement de 0,30% à 6.518,31 points, après deux fortes baisses consécutives cette semaine.
Selon le compte-rendu de la réunion de son comité de politique monétaire des 15 et 16 mars, publié mercredi, la banque centrale américaine (Fed) devrait accélérer la hausse de ses taux dans les prochains mois, plusieurs de ses responsables y étant favorables afin de combattre la forte inflation aux Etats-Unis.
Pour maîtriser celle-ci, la Fed estime qu'il pourrait être "approprié" de revenir "rapidement" à des niveaux dits "neutres", c'est-à-dire autour de 2 ou 2,50%, alors que ses taux, qu'elle a légèrement relevés en mars, se situent actuellement entre 0,25% et 0,50%.
L'institution projette aussi de réduire la taille de son bilan, possiblement dès le mois prochain.
"Le marché prend acte du durcissement de la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine en attendant la publication du compte-rendu de la dernière réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne" (BCE), en début d'après-midi, indique Franklin Pichard, directeur de Kiplink Finance.
Après plusieurs discours plus agressifs de plusieurs membres de la Fed cette semaine, les investisseurs écouteront dans la soirée celui du président de la Fed de New York, John Williams.
Du côté de la BCE, un membre du directoire a prévenu mercredi qu'un resserrement de la politique monétaire en zone euro risquerait de plomber l'activité économique déjà fragilisée.
Les gardiens de la monnaie unique tiennent leur prochaine réunion jeudi prochain, laissant augurer de discussions houleuses entre tenants d'une approche prudente et partisans d'une action plus déterminée de la BCE, dont les taux d'intérêt campent toujours à leur plus bas historique.
En parallèle, les tensions diplomatiques ne faiblissent pas dans le contexte de la guerre en Ukraine. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a de nouveau convoqué jeudi l'ambassadeur de Russie à Paris, après un tweet jugé "indécent" de l'ambassade sur les exactions commises dans la localité ukrainienne de Boutcha.
Les Etats-Unis ont annoncé mercredi une nouvelle volée de sanctions économiques et financières contre la Russie et, en Europe, le président du Conseil européen Charles Michel a estimé que l'UE devrait "tôt ou tard" prendre des sanctions sur le pétrole et le gaz russes.
Sur le tableau des valeurs, les titres défensifs tiraient leur épingle du jeu vers 10H30, à l'instar de Danone (+1,48%), Carrefour (+1,31%), Air Liquide (+1,29%) ou L'Oréal (+0,86%).
Le géant pharmaceutique Sanofi (+1,53%) a annoncé jeudi l'approbation par la Commission européenne de son médicament Dupixent pour traiter l'asthme sévère chez les enfants de 6 à 11 ans.
(Y.Yildiz--BBZ)